Prenez garde aux mots ! La « soie cambodgienne » s’étale sur les
marchés, mais aussi dans des lieux de vente connus du public. Les mots sont
presque toujours sacrifiés au nom de la communication commerciale et le sens
est improprement détourné. Il serait plus juste d’écrire « soie tissée au
Cambodge » … La soie synthétique et la soie « naturelle » industrielle sont
très souvent importées (principalement de Chine) et constituent les principales
matières premières actuelles. Il est facile de jouer sur la crédulité du
touriste néophyte: la soie cambodgienne a quasiment disparu et actuellement, sa
faible production rend totalement impossible une production de masse, même de
qualité ! Quant aux colorants, ils sont très souvent industriels et chimiques.
Depuis plus de trente ans, Morimoto Kikuo est installé au Cambodge.
Son ambition : réveiller le passé, faire renaître la mémoire ancestrale des
soieries cambodgiennes, transmise de générations en générations et que les
Khmers rouges avaient voulu effacer, la mémoire des dessins, des figures
géométriques, des couleurs originelles, la mémoire des gestes précis et
minutieux des tisserands. Son ambition se complète par cette volonté réussie de
reconstruire toute la chaîne de création et de production de ces soies ou
chacun des maillons redevient totalement cambodgien … la soie est cambodgienne,
les colorants naturels sont cambodgiens … et chaque produit devient unique. Il
fait revivre économiquement des villages qui deviennent des modèles de
développement remarqués et encouragés par le ministère cambodgien de la
culture.
Il replante les arbres à murier et les végétaux qui permettent de redonner la
vie à la soie cambodgienne, aux teintures végétales mais aussi aux plantes qui
abritent cette variété de cochenille qui semblait avoir totalement disparu du
Cambodge. Il retrouve ainsi cette teinture rouge propre aux soieries anciennes.
Quand j’ai rencontré Morimoto Kikuo, j’ai complètement été séduit par l’homme,
ses réalisations, ses projets, ses valeurs intégralement consacrés à la mémoire
de la culture cambodgienne de la soie.
Une maison khmère traditionnelle abrite son « Institut des Textiles
Traditionnels Khmers » (IKTT). Elle fait également office de point de vente et
s’offre comme un véritable musée extatique où s’exposent à la vente des
soieries authentiques et originales, les uniques et authentiques soieries
cambodgiennes.
L’artiste me confie qu’il lui est parfois difficile de se séparer de certaines
de ses créations. Il en conserve précieusement quelques exemplaires afin de
pouvoir les exposer plus tard dans un véritable musée de la soie qui retracera
l’histoire de la belle soie du Cambodge, mais aussi du Laos, de Birmanie, des
pays où l’histoire, les pensées et le savoir-faire se perpétuent.
Morimoto Kikuo est lauréat du très prestigieux « Prix ROLEX à l’esprit
d’entreprise » sur le thème de la production de la soie au Cambodge. Grâce à sa
personnalité et à ses réalisations, la littérature concernant cet homme
exceptionnel est abondante et jamais achevée.
cliquer sur la photo
INSTITUTE FOR KHMER TRADITIONAL TEXTILES
No. 472, Viheachen
Village, Svaydongkum Commune,
(Road to lake, near the crocodile farm)
P.O. Box 9349, Siem Reap Angkor,
Kingdom of Cambodia
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